Les salaires à l’embauche en Chine - Même pas peur !

Publié le par Mayou & Neric

Le 10/10/2006 à 17h03  par Simon Muys

 

Les jeunes diplômés qui veulent profiter du décollage économique chinois se heurtent souvent à des offres salariales qui brisent leurs espoirs. À quoi doivent-ils s’attendre avant de vouloir commencer leur carrière en Chine ? La Chine est le nouvel eldorado professionnel des Européens. À tort ou à raison, beaucoup de jeunes, souvent très diplômés, se précipitent en Asie pour tirer parti de l’émergence du géant. Mais les salaires à l’embauche sont rarement à la hauteur des attentes.

 

Hesiem, un bloggeur vivant à Pékin met en garde : "Si vous venez en Chine pour l'enrichissement culturel, alors n'hésitez pas. Par contre si vous arrivez avec l'espoir de trouver rapidement un job royalement payé, vous allez droit dans le mur. À moins d'avoir une expérience professionnelle conséquente, votre salaire en Chine sera difficilement égal ou supérieur à un salaire français."

 

Pour démarrer professionnellement en Chine, il faut en effet revoir profondément ses exigences à la baisse. Auprès des entreprises chinoises tout d’abord. Celles-ci n’ont intérêt à recruter des étrangers que si ceux-ci ont des compétences pointues dans des domaines recherchés. Karine Yue est responsable de la cellule emploi à la Chambre de commerce française en Chine. Elle cite spontanément les domaines dans lesquels les entreprises chinoises recrutent de jeunes diplômés : "Les profils commerciaux, technico-commerciaux, ou ingénieurs sont recherchés. Les finances, le contrôle de gestion, l’architecture ou le design sont également des domaines pour lesquels les Français ont la côte." Sur les étagères de son bureau, les milliers de CV s’empilent. La concurrence est rude et une bonne maîtrise du chinois est de plus en plus recommandée, notamment en commerce.

 

Karine Yue insiste cependant sur les conditions de recrutement et de salaire : "Le salaire minimum n’est que de 640 yuans (64 €) et officiellement, les Chinois touchent en moyenne 2 700 yuans (270 €) par mois. Il ne faut pas espérer gagner plus de 10 000 yuans en contrat local ! Mais tout se négocie : indemnités de logement, transport, repas, congés..." Le salaire moyen pour un ingénieur programmeur est par exemple de 3 000 yuans (300 €). Et lorsque les salaires montent, c’est souvent pour plus d’heures effectuées. "Je touche 15 000 yuans par mois, je suis logé et nourri et on m’offre même le sauna ! Mais je n’ai ni contrat écrit, ni couverture sociale. Et en contrepartie, je travaille 15 heures par jour tous les jours, y compris souvent le dimanche et je n’imagine pas avoir de congés avant de quitter l’entreprise." Jean est architecte. Il avoue que ces conditions sont vraiment minimales. "Mais l’expérience est intéressante et l’entreprise a un côté paternaliste."

 

Les entreprises francophones sont elles aussi en train de se repositionner sur ces niveaux de salaires. Le mythe de l’expatrié payé avec largesse grâce à des primes d’éloignement et bénéficiant d’un coût de vie dérisoire, est en déclin. Hormis pour les très hautes fonctions où le régime de l’expatriation a encore cours, les entreprises recrutent désormais sur place, avec des contrats locaux. Selon la Chambre de commerce, elles ne se contentent surtout plus de recruter des Français. Elles préfèrent souvent des anglophones s’ils maîtrisent parfaitement le mandarin et ont une bonne expérience professionnelle. De plus, la concurrence entre les jeunes diplômés français les conduit souvent à tirer les salaires d’embauche vers le bas. Ainsi, la règle est de voir un jeune issu d’une grande école accepter un salaire bien inférieur au SMIC français.

 

La meilleure solution réside dans les volontariats en entreprise ou administration (VIE et VIA). Avantageux pour les structures d’accueil, ils permettent une rémunération souvent comprise entre 1 500 et 3 000 € et un statut privilégié. Caroline mesure sa chance : "J’ai été embauchée auprès d’Alcatel pour un VIE de douze mois, au salaire mensuel de 1 650 €. Je travaillerai au contrôle de gestion dans le quartier Pudong, à Shanghai." Mais les offres de volontariats internationaux ne sont pas nombreuses sur le site de Civiweb. Et elles ciblent les formations déjà favorisées par le marché de l’emploi chinois.

 

Ainsi, hormis pour une poignée d’étudiants sortis des meilleures formations d’ingénieur ou de commerce, le début de carrière en Chine sera rude. Karine Yue laisser peu d’espoirs : "Il y a beaucoup d’échecs ici. Beaucoup de jeunes veulent venir en raison de ce qu’on fait miroiter en Europe." Les rêves de succès ne sont pas totalement intangibles. Mais ils imposent de commencer très bas et de travailler beaucoup.

Publié dans Commerce

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H
Et vu le nombre de plus en plus important de jeunes français présent en Chine, ça ne va pas aller en s'améliorant.
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D
hehe, même avec le VIE, les perspectives ne sont pas toujours glorieuses pour la suite, à moins d'avoir la chance de continuer dans la même entreprise, à des conditions parfois inférieures au VIE (je croise les doigts, plus qu'un mois). Et dans tous les cas, il est certain que de plus en plus, la maîtrise du chinois fera la différence entre "être pris" et "rester sur le carreau".Une autre façon de mettre un pied ici est le stage, et j'ai vu, là des personnes qui payait mensuellement 250EUR à l'organisme FR qui leur avait trouvé un stage rémunéré 3000 RMB (organisme qu'ils avaient déjà payé 700EUR pour lancer la recherche de stage). Et ces personnes s'en trouvaient satisfaites!!!
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E
je m'inquiete bcp apres la lecture...
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R
c'est pas gagné en effet...<br /> Puis ils sont eux meme deja nombreux à etre diplomé et sans emploie
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